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Une balance grise sur un fond orange
Bien que les médicaments à base de semaglutide, comme Ozempic, soient recommandés pour traiter le diabète de type 2, ils sont de plus en plus prescrits « hors étiquette » en raison de leur efficacité pour induire une perte de poids. (Shutterstock)

Les régimes amaigrissants ou un usage détourné de médicaments tels qu’Ozempic peuvent contribuer aux troubles alimentaires

Selon une étude américaine, jusqu’à 72 % des femmes et 61 % des hommes ne sont pas satisfaits de leur poids ou de leur image corporelle. Chaque année, des millions de personnes tentent de maigrir dans l’espoir d’améliorer leur image corporelle, leur santé et leur qualité de vie.

Cependant, ces personnes peuvent avoir du mal à suivre un régime ou à faire de l’exercice. L’apparition de médicaments à base de semaglutide, comme Ozempic ou Wegovy, peut paraître une solution rapide et attrayante pour atteindre ses objectifs de perte de poids.

Les études menées par différentes équipes, dont la nôtre, montrent que ces efforts pour perdre du poids font souvent plus de mal que de bien et peuvent augmenter le risque de développer un trouble alimentaire.

Perte de poids et troubles alimentaires

Les troubles de l’alimentation sont de graves problèmes de santé mentale qui se caractérisent principalement par des formes extrêmes de privation ou d’excès de nourriture, des préoccupations concernant la silhouette et le poids ou des comportements visant à influencer ceux-ci, tels qu’un exercice physique intensif ou la provocation de vomissements.

Un stylo d’injection pour le médicament Ozempic au-dessus de son emballage en carton
Les médicaments à base de semaglutide tels qu’Ozempic peuvent être considérés comme une solution rapide et attrayante pour atteindre ses objectifs de perte de poids. (AP Photo/David J. Phillip)

Autrefois, on croyait que les troubles alimentaires n’affectaient que les adolescentes blanches, mais on sait maintenant que des personnes de tout âge, sexe, genre ou origine raciale/ethnique peuvent en souffrir, et l’on estime qu’un million de Canadiens en sont atteints.

À titre de psychologue clinicienne et d’étudiante de cycle supérieur en psychologie clinique, nous avons axé notre recherche sur la façon dont les troubles alimentaires se développent et sur ce qui les perpétue. En tenant compte de l’importance que la société accorde au poids, nos études ont porté sur les associations entre perte de poids et symptômes des troubles alimentaires.

Troubles alimentaires et « suppression de poids »

Dans la recherche sur les troubles alimentaires, le fait de maintenir une perte de poids est appelé « suppression de poids ». La suppression de poids est généralement définie comme la différence entre le poids actuel d’une personne et le poids le plus élevé qu’elle a atteint au cours de sa vie (hors grossesse).

Malgré la croyance selon laquelle la perte de poids améliore la satisfaction corporelle, nous avons constaté, dans un échantillon de plus de 600 hommes et femmes, que le fait de maigrir n’avait aucun impact sur l’image corporelle négative des femmes et était associé à une insatisfaction corporelle accrue chez les hommes. Il est bon de savoir qu’une importante suppression de poids a été corrélée à l’apparition de troubles alimentaires, tels qu’anorexie mentale et boulimie.

Une des hypothèses qui permet d’expliquer le lien entre la perte de poids et les troubles alimentaires est que le maintien du poids devient de plus en plus difficile à mesure que les systèmes qui ralentissent le métabolisme, diminuent la dépense énergétique et augmentent l’appétit sont activés pour favoriser une reprise de poids.

On sait désormais qu’une reprise de poids est très probable à la suite d’un régime classique. Ce phénomène peut inciter certaines personnes à adopter des comportements de plus en plus extrêmes pour contrôler leur poids, ou à alterner entre une restriction extrême de l’apport alimentaire et des épisodes de suralimentation ou de compulsion alimentaire, caractéristiques de la boulimie.

Ozempic et autres médicaments à base de semaglutide

Les médicaments à base de semaglutide, comme Ozempic et Wegovy, font partie d’une classe de médicaments appelés agonistes du peptide-1 de type glucagon (GLP-1A). Ces médicaments imitent l’hormone GLP-1 pour interagir avec les voies neuronales qui signalent la satiété et ralentissent la vidange gastrique, entraînant une réduction de la prise alimentaire.

Une assiette blanche contenant une balance, avec un couteau et une fourchette, sur fond orange
Les méthodes populaires de perte de poids, qu’il s’agisse de pilules ou de régimes draconiens, reproduisent souvent les symptômes des troubles de l’alimentation. (Shutterstock)

Bien que les GLP-1A soient indiqués pour traiter le diabète de type 2, ils sont de plus en plus souvent prescrits hors étiquette ou achetés illégalement sans ordonnance en raison de leur efficacité à induire une perte de poids. Si les médicaments comme Ozempic permettent souvent de maigrir, cela peut toutefois ralentir ou s’arrêter avec le temps.

Les recherches menées par Lindsay Bodell, une des auteures de cet article, et ses collègues sur la suppression de poids pourraient expliquer la diminution des effets de la semaglutide avec le temps, car la perte de poids est associée à une baisse de la réponse au GLP-1. Cela signifie qu’après avoir maigri, on peut devenir moins réceptif aux signaux de satiété activés par les GLP-1A.

En outre, la perte de poids ne se produit que pendant la prise du médicament. Ainsi, si l’objectif est de maigrir, on risque de reprendre la plupart, voire la totalité, des kilos perdus lorsqu’on cesse de prendre le médicament.

Risques liés aux régimes et aux médicaments amaigrissants

L’essor du marché des médicaments amaigrissants hors étiquette est préoccupant, compte tenu de l’exacerbation de la stigmatisation liée au poids et des risques graves pour la santé associés à une perte de poids non supervisée, notamment le développement de troubles alimentaires.

Les chercheurs et les professionnels de la santé tirent la sonnette d’alarme quant à l’utilisation des GLP-1A chez les enfants et les adolescents, en raison des éventuels effets sur la croissance et le développement.

De plus, les méthodes populaires de perte de poids, qu’il s’agisse de pilules ou de régimes draconiens, reproduisent souvent les symptômes des troubles de l’alimentation. Ainsi, les régimes de jeûne intermittent qui impliquent de longues périodes de jeûne suivies de courtes périodes de prise de nourriture peuvent accroître le risque de développer des problèmes de compulsion alimentaire.

On a observé que la prise de pilules amaigrissantes ou de laxatifs pour maigrir augmentait le risque de recevoir un diagnostic de trouble alimentaire au cours des trois années qui suivent. Des personnes qui souffrent déjà d’un trouble alimentaire peuvent utiliser des médicaments comme Ozempic pour se couper l’appétit, compenser des crises de boulimie ou gérer la peur de prendre du poids.

Les gens qui présentent certains signes de troubles alimentaires, tels que limitation de leur apport alimentaire et forte préoccupation quant à leur poids, sont les plus susceptibles de développer un trouble alimentaire à la suite d’un régime ou de la prise d’un médicament pour maigrir, même si elles ne perdent qu’une quantité modérée de poids.

Les personnes qui ne sont pas satisfaites de leur poids ou qui ont essayé à plusieurs reprises de maigrir pourraient tenter des méthodes de plus en plus radicales. Cependant, tout régime, programme d’exercice ou médicament offrant une solution rapide doit être considéré avec une extrême prudence. Au mieux, vous risquez de reprendre le poids perdu ; au pire, vous vous exposez à de graves troubles alimentaires et à d’autres problèmes de santé.

This article was originally published in English

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